S’inscrivant dans la longue lignée des maîtres de la musique Chaâbi, Abdelkader Chaou apparaît rétrospectivement comme une figure marquante des années 60-70 annonciatrices d’un style empreint de modernité.
Originaire de Tigzirt dans la région de Tizi Ouzou, Abdelkader Chaou voit le jour à la rue Médée, au cœur de la Casbah d’Alger, le 10 novembre 1941. Il doit son initiation musicale à l’environnement socio-culturel propice de cette cité historique, gardienne des traditions séculaires. Il apprend assez vite quelques pièces glanées ça et là, à l’occasion de cérémonies religieuses ou festives.
Confiant et audacieux, il chantera sans complexe quelques refrains à un voisin mélomane et non voyant Rabah Delladj. Celui-ci sera le premier à trouver en lui des qualités vocales prometteuses.
Fort de cet encouragement, il tente en 1961 un radio-crochet organisé par la RTA, à la rue Berthezene (actuelle Mohamed Saâdane). Haddad el Djilali dirigeant l’orchestre, lui fait de précieuses remarques et compare volontiers son timbre vocal à celui, caractéristique, du maître El Hadj H’sen Saïd.
A l’indépendance, Abdelkader Chaou est un jeune interprète déjà recherché qui anime dans tout Alger les cérémonies de mariage et de circoncision, accompagné de ses amis Belkacem au banjo et Mohamed Hidous à la derbouka.
C’est l’époque des grandes festivités et de liesse populaire. Des troupes artistiques se forment tous azimuts. Abdelkader Chaou est intégré, aux côtés de Amar Zahi, Rahma Boualem et Krikèche dans l’ensemble El Djamalia, fondé et dirigé musicalement par Saïd Oumitouche, et constitué dans le but d’organiser des spectacles à travers toute l’Algérie.
En 1966, il fréquente, durant une année, le cours de cheikh el hadj M’Hamed El Anka au conservatoire municipal d’Alger, dirigé alors par Mahieddine Bachetarzi qu’il quitte une année plus tard avec un bagage musical conséquent.
C’est en 1967 que la radio lui fit appel par l’intermédiaire de Baït Merzak et El Hadj Mustapha Kechkoul. Ces derniers lui permettent d’enregistrer pour la première fois une émission radiophonique diffusée sur les ondes de la chaîne nationale, Dami houite Leghzèla ; ya dhou âyani et Mohamed zéhou el bal sont les chansons programmées en cette occasion. L’orchestre était dirigé par Mustapha Skandrani. Ces mêmes titres sont réalisés en disques 45 tours aux éditions Pathé Marconi. Il entre, de ce fait, pour la première fois dans le circuit commercial de la musique.
En 1968, c’est le Théâtre National Algérien qui loue ses services, dans le cadre d’une grande tournée artistique en France, aux côtés des grandes vedettes de l’époque que sont : El hadj Rabah Dériassa, Mohamed Lamari, Khelifi Ahmed, Noura, Saloua, Kamel Hamadi, Fadéla Dziriya, Haddad el Djilalli, Mahboub Bati et Akli Yahiatène. Abdelkader Chaou s’acquitte très honorablement de sa tâche, son nom est cité, déjà, parmi les artistes qui progressent.
Il participe jusqu’en 1970 à plusieurs tournées nationales et internationales notamment à Chiraz en Iran et Murcia en Espagne.
En 1969, il figure dans le programme du grand Festival Panafricain à Alger et celui de la réunification du réseau national de Télévision en juin 1970 à Oran.
A partir de cette date, Abdelkader Chaou se consacre entièrement à la musique en s’installant dans le marché du disque. Les titres édités jusqu’en 1972 sont accueillis très modestement par le public. Le quatuor Guerouabi - El Ankis – H’sen Saïd et Lachab battait les records de vente durant cette période.
Sa rencontre avec Mahboub Bati, dans son studio de la rue Zabana (ex. Hoche), allait être décisive et salutaire puisque ce faiseur de « rois » allait lui signer en 1973 un vrai tube : Djah rebbi ya djirani qui le placera sous les feux de la rampe définitivement. Suivront plusieurs titres qui vont le mettre désormais, parmi l’élite nationale. Ce sont : Yal adra de Mahboub Stambouli en 1974, Saâdini yal bent el âm, And bèb el âdra et Mazal khatmi de Mahboub Bati en 1975.
En 1977, ce dernier lui offre Yal oueldine qu’il réalise en duo avec Nadia Benyoucef. Enregistrée en clip pour la télévision nationale, cette chanson va devenir le succès de plusieurs années. Abdelkader Chaou confirme ainsi sa grande notoriété.
Outre Mahboub Bati comme auteur et compositeur, il y eut également El hadj Mahboub Stambouli (Yal adra ouine malik et El âchqa) en 1974 ; Maâti Bachir (el hlal edhaoui et Li qaâd fi dar) en 1979 ; Salah Saâdaoui (Qessa Srat) en 1980 ; Belkaid Abdelghani (El ghrib et adjini) en 1980 ; Kamel Hamadi (Endjibek endjibek – Ya maâlem – Kheliouni n’ îche) en 1980 ; Mustapha Skandrani (Yalli zarou âdete mdoun) en 1985.
Sa production avoisinant les trois cent titres, en quarante années de carrière, demeure équilibrée, malgré tout, entre la préservation du patrimoine lyrique national et le souci d’apporter une touche de nouveauté dans sa démarche. Abdelkader Chaou réussit fort bien dans sa tâche car la tradition épouse aisément la modernité. Chahlet laâyani de Abdelhakim Garami et Cheikh Amokrane de cheikh el Hasnaoui, reprises respectivement en 1992 et 2003, sont là pour conforter cette affirmation.
(source: creativproductions)
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